lundi 19 décembre 2011

La salle de gym-troisième et dernière partie

J'ai refusé, prétextant ne plus avoir mal.
J'ai un minimum d'orgueil, et je m'étais suffisamment humiliée devant lui.

J'ai même tenté de remonter sur la satanée machine, pour me remettre à courir. Grave erreur. Ma cheville ne semblait plus vouloir soutenir mon poids, et je me suis affalée sur le tapis roulant, qui n'était pas en marche cette fois-ci. Le médecin-dieu-grec a tenté de me soutenir, et m'a relevé debout, en me grondant un peu. J'ai alors compris que je ferais mieux de me reposer sagement sur le banc, plutôt que vouloir retenter l'expérience.

Il s'est assis à côté de moi, en regardant toujours ma cheville. Elle commençait à enfler, il avait l'air inquiet. J'ai fait celle qui s'en apercevait pas, et j'ai voulu entamer la discussion.

C'est alors que tout s'éteignit.

***

À mon réveil, j'étais dans une salle de repos. Tout était blanc. J'ai d'abord cru que j'étais au paradis. Puis une dame plutôt âgée s'est avancée vers moi avec un thermomètre et un grand sourire. Si Dieu existe, il n'a certainement pas cette gueule-là.

J'ai ouvert machinalement la bouche pour la laisser prendre ma température.
J'ai demandé où j'étais. La dame m'a répondu que c'était la salle de repos du gym, pour les usagers un peu trop sûrs d'eux et qui ne connaissent pas leur limite.
J'ai voulu lui répondre que je connaissais parfaitement les miennes, mais pas celles d'une lionne affamée devant un caméraman intrépide, mais je me suis abstenue.
J'ai plutôt demandé qui m'avait emmenée ici.

-Ah! C'est mon gendre, le mari de ma fille! Il vous a vu vous blesser, et ensuite vous avez perdu conscience! Heureusement qu'il était là. C'est dommage qu'il ait dû partir aussi tôt, il avait une urgence à l'hôpital. Il m'a fait promettre de bien m'occuper de vous! Je suis infirmière alors je m'y connais. Vous, que faites-vous? Travaillez-vous aussi dans un hôpital?


Non madame. Moi, je suis avocate : et je poursuis votre gendre pour fausse représentation.




La salle de gym-deuxième partie


Étant trop absorbée par l’émission, j’en ai oublié de courir. En une seconde et quart, je me suis retrouvée fesses au sol, les pattes dans les airs, les yeux grands ouverts, et le souffle coupé.

Je pouvais apercevoir du coin de l’œil dieu grec lui-même, riant à gorge déployée. Trop généreux de sa part. Il n’y avait évidemment personne pour me venir en aide. Le tapis de course, pendant ce temps-là, continuait de tourner. Il me faisait peur. Je voulais me tenir le plus loin possible de toute machine. Je me suis levée péniblement. J’avais mal à la cheville. Le grec s’en est aperçu (je lui ai retiré son qualificatif de dieu, il ne le méritait plus). Il s’est alors approché de moi, et me dit, sans perdre le sourire :

-T’es miss catastrophe toi ou quoi? Tu vas finir par te blesser pour vrai!

-Ah oui tu penses? T’es juste aveugle ou t’as pas vu que j’ai vraiment mal?
-Bon bon, montre-moi ça. T’as fait une mauvaise chute, mais je ne pense pas que ce soit grave.

-Ahah, t’es médecin toi ou quoi?

-Oui.

Je l’ai donc laissé observer ma cheville. Mais juste parce qu’il était médecin. Il en a conclu que ce n’était rien de très grave, mais qu’il faudrait mettre de la glace. 

La salle de gym-première partie


L’autre jour, je suis allée au gym. Il n’y a pas 36 gyms dans le Mile End, alors vous vous doutez bien duquel je parle. J’ai pris l’habitude de faire mon jogging dans les rues outremontaises, mais avec le froid qui arrive, mieux vaut courir à l’intérieur que d’attraper la crève.

C’est donc avec un trop plein de motivation que je me suis dirigée vers la salle d’exercice. En arrivant, que vois-je, mon dieu grec. Oui oui, le même qui a une grand-mère sourde maniaque de chocolat[1]. Heureusement, il ne semble pas avoir gardé rancune de ce malheureux incident, puisqu’il m’a fait un petit sourire.

J’ai regardé autour de moi : il n’y avait que des mecs fringués en American apparel et ou des femmes de la quarantaine n’acceptant pas leur corps vieillissant. Bref, aucune compétition en vue.

Je me suis alors installée sur la machine qui nous fait courir. Devant moi, accrochés au mur, il avait plusieurs téléviseurs qui diffusaient différentes émissions. On avait qu’à choisir celle qui stimulerait nos neurones, pendant qu’on stimule le reste de notre corps. Pas bête.

J’ai donc commencé à regarder une émission sur le monde animal. Je trouve toujours ces émissions passionnantes. Je meure d’envie de tourner les reportages à la place des animateurs, à l’autre bout du monde. L’émission de ce soir-là présentait un homme qui se voulait l’ami des lions. J’étais sidérée.

L’homme en question était probablement dans le Serengeti, et une équipe de tournage le suivait en jeep. On voyait des lionceaux manger près des femelles, qui revenaient de la chasse. L’animateur s’est alors approché plus proche encore de la famille royale, armé de son seul courage. Il se pensait sans doute invisible. Mauvais réflexe. La lionne mère, qui n’avait sans doute pas encore mangé, s’est ruée vers lui, en rugissant, pareil comme dans les films. Malheureusement, je n’en connaitrai jamais la fin.


[1] Voir à ce sujet le billet intitulé Le supermarché.

dimanche 18 décembre 2011

Anecdote linguistique


La semaine dernière, j’ai organisé une petite soirée pour mon anniversaire dans un endroit assez fréquenté sur Parc. A priori, l’avenue du Parc est une rue plutôt anglophone, étant située dans l’Ouest, en prenant comme point de départ la rue St-Laurent. Les ¨deux solitudes¨ y partagent leur quotidien, et je n’ai jamais eu écho de quelques problèmes que ce soit.

Certaines anecdotes peuvent toutefois enrichir les conversations.

Le lendemain de cette soirée d’anniversaire, je suis retournée à l’endroit en question. La soirée ayant été fort arrosée, j’ai tout perdu/oublié là-bas. En entrant, j’ai abordé la première serveuse dans mon champ de vision :

Moi :
-Salut! Je suis venue hier soir avec mes amis, on avait la grosse table du fond. Je venais récupérer certains trucs que j’avais oubliés...

Elle, dans un français approximatif :
-Ah, je ne pas ici hier soir. Qu’est-ce que tu oublié?

Moi, en ajoutant le langage des signes à mes explications :
-J’ai laissé un sac-cadeau. Il est bleu, avec du papier de soie blanc.

Du coin de l’œil, je voyais clairement le sac que mes amis m’avaient donné, derrière le comptoir. La serveuse est toutefois partie dans la direction opposée.

Cinq minutes plus tard, elle est revenue, avec un air embarrassé :
-Je suis désolée, je n’ai pas vu. J’ai demandé à mon boss, il dit que pas vu. I’m so sorry.

Moi, les yeux rivés sur le sac-cadeau :
-Je pense que c’est lui, tu vois, à côté du barman.

Elle a vu le sac, surprise, l’a pris et me l’a remis. Puis elle s’est esclaffée, ayant compris son erreur :
-Oooooh! Je compris ‘’sac-à-dos’’! Je ne savais pas que c'était nom français pour gift bag. So funny!

Moi, en riant aussi de la situation (et un peu de la serveuse) :
-Un sac-à-dos avec du papier de soie blanc?!


Mais elle n'a rien pigé.