samedi 10 décembre 2011

Le monde des arts





Aujourd’hui, je fais plaisir à ma maman. Elle m’a offert de visiter des galeries d’art près de chez moi. Bon, je le fais aussi pour moi, bien que ma mère soit franchement plus intéressée par les vernissages que je le suis. J’y vais généralement davantage pour le vin et pour les conversations débridées qui s’en suivent. Ma mère aime l’art pour vrai.

C’est ainsi que j’ai accepté de visiter deux ou trois galeries en sa compagnie. Elle était tout sourire lorsqu’elle m’a annoncée qu’elle avait pris des cours avec l’une des artistes-exposants.

Nous partons donc d’un pas pressé vers la première galerie sur la liste (elle avait vraiment dressé une liste) bras-dessus, bras-dessous. Il faisait un peu froid dehors. C’est donc pour ma part l’arrivée de l’hiver, plutôt que l’anticipation, qui pressait mon pas.

Nous sommes arrivées dans un local assez étroit, pour ne pas dire minuscule, qui fait office de galerie d’art. Je n’ai même pas le temps d’apercevoir le premier tableau que ma mère se précipite sur la propriétaire de la place. Elle l’a connait, me dit-elle, c’est une amie du club de tennis.

Pendant ce temps, je fais la tour du ''plac-art" (la galerie d’art). Les tableaux sont plutôt intéressants, très beaux même. Je crois d’ailleurs en reconnaitre quelques uns d’un peintre que ma mère affectionne particulièrement. Je juge bon de l’interrompre pour lui faire part de mes découvertes, et montrer à la propriétaire que je m’y connais en peinture, ah ça oui madame, j’ai passé très proche d’étudier en histoire de l’art (totalement faux), et d’ailleurs vos tableaux évoquent en moi une explosion d’émotions, je m’y perds, je m’y égare, j’en suis chavirée (et ajoutant le geste à la parole, je mime de tomber à la renverse).

La dame me croit folle.

Au même moment, la porte s’ouvre et un monsieur d’une cinquantaine d’années fait son entrée. SI SEULEMENT j’avais filmé la scène. Si seulement.

Ma mère et la propriétaire se retournent, au ralenti, en ouvrant grands les yeux et la bouche. Silence radio. On se serait cru dans un film des années 20.

Le monsieur en question est le peintre dont je parlais. Lunettes noires à grosses montures, cheveux grisonnants, assez grand, il a tout de l’artiste contemporain qui a réussi. Du moins c’est l’image qu’il tente de projeter. Ma mère se précipite sur lui, accompagnée de la propriétaire. J’assiste à la scène, sans trop comprendre.

La propriétaire :
-Monsieur X! C’est un honneur! Nous parlions justement de vos toiles!

Ma mère :
-C’est vrai, et je dois vous dire, humblement, que c’est grâce à vous si je peins aujourd’hui. Un de vos tableaux m’a inspiré, et je me suis lancée. J’adore votre style, je suis une fan!

Monsieur X, peintre :
-C’est très gentil… mais quel accueil!

Et il a dit ça en regardant ma mère, dans le blanc des yeux. Elle est devenue rouge tomate, et riait pour rien, parce que ce n’était pas drôle. On aurait dit une ado qui se fait draguer pour la première fois.

Monsieur X, sur sa lancée :
-Et bien vous pourriez m’ajouter sur Facebook et… on pourrait en discuter! Votre nom c’est…?

Et ils se sont échangés leur nom complet. Sans blague. Comme des gamins de 15 ans.

Bibi :
-Boooon et bien on était JUSTEMENT sur notre départ, on a encore 8 galeries à visiter! Je ne voudrais surtout rien brusquer mais ma mère est une femme si occupée, d’ailleurs nous sommes attendues par.... par mon père, qui nous attend de l’autre côté de la rue! Vous voyez le bel homme sur le trottoir d’en face, qui fait tourner les têtes de toutes les femmes sur l’Avenue du Parc? Mais siiii, là, de l’autre côté, si vous ne le voyez pas? Bon c’est dommage, mais dans tous les cas, nous, nous devions y aller! À la prochaine cher monsieur! Et ma mère n’a pas Facebook!


Je viens de sauver un mariage.











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